Tunisie, Egypte, Syrie…la cicatrice
Ces pays abîmés, brûlés, gazés, éviscérés, détruits, démolis, renversés, sacrifiés, perdus.
Ces pays que le feu, la foudre, la folie ravagent.
Ces pays qui devant nos yeux s’écroulent, s’effondrent, se disloquent comme des corps morts rongés de l’intérieur.
Sans que nous ne puissions rien faire, rien faire du tout, rien, juste regarder les images, atterrés, ébahis, écœurés.
Ces pays, avant le chaos, avant les blessures intimes et profondes qui s’ouvrent et
D’où s’échappent le pus, le sang, la rage,
Ces pays n’étaient pas le paradis mais :
Un regard, un nuage, un présent, une mer, un sourire, un instant couché sur la plage. Un enfant, deux enfants, des tonnes d’enfants que rien ne retient. Qui sourient et se foutent du temps.
Il y a dix ans, il y a quinze ans, si l’on doit compter… et ne resteront de ces instants que les clichés silencieux du photographe et la douleur de cette peau qui se replie sur elle-même, comme une cicatrice.
De la colère, elle en est la trace.
Rachel Corenblit